Pourquoi La vache qui rit rit-elle ?

Quand j'étais au lycée, un jour où je m'ennuyais, j'ai écris une dissertation (oui c'était l'époque...) sur ce sujet particulièrement intéressant... What a Face

Je laisse aux courageux le soin de découvrir Pourquoi La vache qui rit rit Razz

Épineuse question que voici : pourquoi la Vache-qui-rit rit-elle ? De nombreuses fois elle fut posée, mais jamais véritablement résolue. Il est temps de prendre le taureau, que dis-je, la vache par les cornes et de nous pencher sérieusement sur cette obscure énigme.

Tout d’abord, l’hypothèse la plus évidente pour expliquer le rire intrigant de notre vache est la suivante : c’est une vache folle. La vie morne et paisible d’une vache se résumant à la mastication de kilos d’herbe, transformés soit en lait, soit en bouses et flatulences au détriment de la couche d’ozone, pourquoi rirait-elle si ce n’est parce qu’elle est folle ? Surtout que depuis l’avènement des TGV, elle ne peut même plus se divertir en regardant passer les trains : à la vitesse où ils fusent, il y aurait de quoi attraper un torticolis ! Ainsi, notre vache, toute guillerette, afficherait un large sourire au premier venu, s’esclaffant pour tout et n’importe quoi, inconsciente du mal qui la frappe.
Mais un point noir subsiste : une vache ne possède pas les zygomatiques suffisants pour rire, et même sourire. A moins d’un tic nerveux et d’une violente bourrasque de vent pour lui faire tenir la position, il est peu probable qu’une vache normale, même folle, puisse rire ainsi. Pourtant si l’on détache l’étiquette de l’emballage et qu’on la plie, notre vache est tordue de rire… La seule explication possible serait alors que cette dernière procède à de la musculation intensive des muscles susnommés, cependant cela paraît plutôt dur à croire. Mais alors, notre vache ne serait peut être pas comme toutes les autres ?

En effet, comme l’a si justement dit Aristote, « le rire est le propre de l’homme ». Or, la seule vache qui ait un peu de sang humain coulant dans ses veines n’est autre que le Minotaure. Petit retour en arrière : le Minotaure était une créature mi-homme, mi-taureau enfermée pour l’éternité dans le labyrinthe construit par Dédale. La Grèce était touchée par la famine, la peste et la guerre, ce qui amena les Athéniens à consulter l’oracle. Celui-ci leur ordonna, pour mettre fin à tous ces fléaux, de tirer au hasard, chaque année, sept jeunes gens et sept jeunes filles qui seraient livrés au Minotaure. La légende prétend que Thésée, fils du roi Egée, fut ainsi choisi. Mais selon certains, il en aurait été tout autrement. Le secret fut bien gardé pendant des siècles, mais Thésée n’était qu’un sombre imbécile, et le roi usa de son pouvoir pour faire en sorte qu’il soit désigné : ainsi il en serait débarrassé et la couronne royale ne serait pas en danger. Errant dans le labyrinthe, Thésée finit par se trouver face à face avec le Minotaure. Ce dernier ne put retenir le fou rire qui le gagna quand il vit Thésée : le regard aussi intimidant qu’un poisson rouge quinquagénaire et la vivacité d’esprit d’une marmotte sortant tout juste d’hibernation. Thésée, voyant le monstre en position de faiblesse, eut un éclair d’intelligence : il dégaina son épée et abattit ce dernier. Quand il revint victorieux à Athènes, son père, désespéré, préféra se jeter à la mer plutôt que devoir revoir son crétin de fils. Thésée raconta à tous son aventure, baptisant la bête Minotaure-qui-rit.
A travers les siècles, l’expression se modernisa en Vache-qui-rit, ultime humiliation pour la malchanceuse créature, victime de son sens de l’humour. Un industriel aurait donc entendu cette légende jusqu’alors peu connue du grand public, et s’en serait servi pour créer sa marque de fromage. A l’heure actuelle, il doit d’ailleurs se féliciter pour cette brillante idée, vu le succès de son produit.

Effectivement, qui n’a jamais mangé de ce fromage crémeux ? Les enfants en raffolent, et leurs parents ne le boudent pas non plus. Pourtant, en manger peut comporter de gros risques, car comme tout produit laitier, de mauvaises conditions de conservation peuvent engendrer le développement d’une bactérie : la Listeria. Et là le programme est nettement moins hilarant : une fois contractée, la Listeria est mortelle dans quarante pour cent des cas.
Réfléchissons un peu : pourquoi notre vache rirait-elle alors qu’elle sait que son fromage est potentiellement mortel ? Une seule hypothèse paraît plausible : notre vache est une Valkyrie. Les Valkyries étaient des anges de la mythologie scandinave, et étaient chargées de recruter les âmes des guerriers morts au combat pour l’armée des Dieux. Ainsi, notre vache serait une Valkyrie des temps modernes, recrutant les âmes des consommateurs, morts vaillamment en ingurgitant ce fromage, et ce malgré les risques encourus. Le rire de cette dernière serait donc un rire sadique, le rire de quelqu’un qui sait que notre vie ne tient qu’à un fil… et qu’il a les ciseaux.

Au terme de notre réflexion, nous disposons de trois hypothèses pour expliquer le rire mystérieux de notre si célèbre vache : soit cette dernière est une vache folle qui s’entraîne avec acharnement pour se muscler les zygomatiques, soit un industriel ingénieux décida d’exploiter la légende du Minotaure-qui-rit pour sa marque de fromage, soit c’est une Valkyrie moderne, s’esclaffant devant le sort de certains consommateurs trop étourdis, et savourant son pouvoir sur nous, pauvres mortels.
Bref, nous ne sommes pas beaucoup plus avancés, ne sachant laquelle de ces hypothèses s’avère être la bonne. Et pendant ce temps, notre vache continue de rire… Quant à savoir pourquoi avoir entreprit une telle démarche, vaguement inutile et quelque peu capillo-tractrée, je répondrais : « Le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont le pis au lait chargé, et ceux qui se creusent la tête. Moi, je creuse ».